10 jours de marche
Aujourd’hui, j’ai entamé la 10e journée de cette 2e étape.
Pour commencer, je me rends compte que je ne bois pas suffisamment, malgré que je porte toujours au minimum 2 litres d’eau. J’imagine que je ne mange pas suffisamment non plus, mais de ce côté-là, je n’ai pas l’impression que je me prive.
J’ai toujours plus de nourriture que prévu. Sur la route, on y croise beaucoup d’épiceries et de dépanneurs, ce qui me permet d’alléger ma charge sur les épaules. Cependant, je suis arrivé à Magnetawan et il me reste encore 6 repas. Donc, je n’ai pas besoin d'acheter quoi que ce soit pour les 3 prochains jours, et j'arrive bientôt à North Bay.
Pour dormir, j'ai vécu des expériences exceptionnelles. En commençant par la nuit au parc Washago Centennial Park où je n’ai pas vraiment dormi. Des vents de 75 km/h passaient sous le gazebo où je m'étais installé. Heureusement, j'avais attaché ma tente aux tables de pique-nique.
Ensuite, je me suis rendu à Coopers Falls. Ce sentier était d'une beauté exceptionnelle, avec des vues sur les vallées. Cependant, il pleuvait tellement que je n’ai pas pu en profiter au maximum. Vers 15h, je suis passé devant une église. Je cherchais désespérément un endroit où manger à l'abri de la pluie. Quand j’ai vu cette église avec son toit et ses bancs, j’étais très content, car je commençais à être affamé. J’ai frappé à la porte arrière et j’ai rencontré le pasteur Tim. Finalement, j'y ai passé la nuit, j’ai pu sécher mes vêtements, faire cuire mon repas et bien
Direction Gravenhurst, 25 km.
Cette ville est l’une des trois plus importantes de la région de Muskoka, avec Bracebridge et Huntsville. Je me suis arrêté dans un café local pour manger et j’ai rencontré une dame qui m’a aidé à trouver un endroit où dormir. Finalement, Elaine, la jeune commis m’a proposé de rejoindre un groupe d’entraide des résidents de la région. J’ai reçu plusieurs invitations, dont une de Josh qui m’invitait chez lui à Huntsville. Finalement, je me suis installé dans un parc sur une péninsule à côté du Marriott. C’était magnifique, sauf pour la musique du bar de l'autre côté de la rive.
Ce qui n'est pas évident, c'est qu'il est interdit de camper presque partout. Donc, il faut être très discret et surtout appliquer la règle : « leave no trace ».
Bracebridge, 25 km.
Ce qui est agréable jusqu’à maintenant, c’est que toutes les villes et villages sont à 25 km ou moins. C’est vraiment pratique pour en profiter pleinement.
À Bracebridge, la rivière Muskoka traverse la ville. On y trouve une série de chutes. Malheureusement, je n’ai pas pu toutes les voir. J’ai rencontré Peter, le propriétaire de la boutique Livoutside. On a pris une photo ensemble. Il l’a postée sur Instagram et grâce à cette plateforme, j’ai découvert la boulangerie Big River Baking & Co. Après une super nuit au bord de la rivière, je me suis dirigé 800 mètres plus loin pour déguster une délicieuse chocolatine et une amandine. J’ai rencontré Warren, le propriétaire, qui m’a offert son fameux pain au brie et aux canneberges, que j’ai eu la chance de déguster le soir même avec Jeff et Jody qui m’attendaient.
À 16 km de là, j’ai dû quitter le sentier Transcanadien pour prendre la route et ainsi manquer la majorité des chutes. Le sentier n'était pas vraiment praticable car il était trop boueux et la maison de Jeff et Jody se situait sur le bord de la route vers le nord, mais pas près du sentier. Mais ce n’est pas grave, puisque j’ai passé une agréable soirée avec eux. En plus, j’ai pu prendre une douche et savourer un délicieux repas.
Huntsville, environ 30 km.
Après de belles discussions et avoir trop mangé, je me rends chez Josh et Katy à Huntsville. La route était magnifique et le site à Huntsville est splendide. Katy et Josh sont le seul couple en dessous de 30 ans qui m’a reçu. Chez Josh, j’ai installé ma tente à l’extérieur et le lendemain, je suis parti tôt vers le lac Long.
Encore une fois, dans le parc où je voulais m’installer, il était interdit de camper. Alors, j’ai été voir un voisin, M. MacDonald. Il m’a dit qu’il ne devrait pas y avoir de problème, c’est la saison tranquille. J’en ai profité pour recharger mon téléphone. Quand je suis revenu, il m’a offert une pomme et une banane. Ces petits gestes sont toujours appréciés. J’étais heureux d’avoir défié la loi, le site était parfait !
Direction Sprucedale
La route était longue. J’avais seulement 16 km à faire, mais on aurait dit que j’en avais 50. Heureusement, j’ai pris le temps de m’arrêter au bord d’un lac pour faire sécher mes chaussures et mes chaussettes, car une partie du sentier était inondée sur environ 300 pieds. J’avais de l’eau jusqu’aux genoux. Par chance, il faisait 20 degrés. Le soir venu, je me suis rendu compte que j’avais oublié ma cuillère longue en titane à 35 $. Dommage.
J’arrive au centre communautaire du village, qui est aussi la mairie, la caserne de pompiers et les loisirs. J’entre et je demande aux deux femmes qui y travaillent si je peux mettre ma tente derrière. Elles me disent que c’est interdit par un règlement municipal. « Ouais, mais je fais quoi alors? Je dois m’installer quelque part? », je leur demande. Elles se regardent avec des points d’interrogation sur le visage. Je leur dis : « Regardez bien ce qu’on va faire, vous ne me connaissez pas, vous ne m’avez jamais vu ». L’une d'elles me dit : « Ok, parfait, bonne nuit », avec un sourire.
Je m’assois sur le banc dehors à côté de la bâtisse. Il y a de l’eau, de l’électricité et le wifi !!! Je profite pour faire une vidéo promo pour Mystery Ranch.
Au moment où je décide d’aller installer ma tente sur la patinoire sous un toit, une personne arrive pour jouer au basketball. J’attends un peu. Le gars part. Il est 20h. Il commence à faire noir. Les lumières de la patinoire s’allument. Je regarde s’il y a une autre option, plein de lumière partout sur le site.
Je fais le tour des rues pour voir d’autres options. Et là ! Il se met à pleuvoir à boire debout. Je reviens sous le toit de la patinoire. Juste à côté, il y a des toilettes publiques. Je m’installe dans l’entrée. J’entends les coups de tonnerre.
Je me rends à l’évidence : c’est ici que je dors. Mais si jamais quelqu’un entre et que je dors là, il va faire tout un saut ! Donc, je me suis installé dans la toilette, j’ai verrouillé la porte, j’ai allumé le chauffage et je n’ai même pas eu le courage et la motivation de souffler mon matelas de sol. Je me suis couché dans mon sac de couchage et je me suis endormi sur le plancher humide.
Le lendemain, j’ai fait mes bagages, j’ai mangé et je suis parti pour 18 km, finalement 20... Ah non, 25... Bon, demain il fait pas beau, let’s go pour un petit 5 de plus.
Je cherchais un endroit où dormir, je voyais des pancartes « no trespassing » partout ! Je dors où ?
Donc, je me dis : je marche jusqu’à 17h30 et peu importe l’endroit, c’est là que je m’arrête. J’avais une seule demande : je voulais un ciel dégagé pour voir les étoiles.
17h30 arrive, je tourne la tête vers la gauche et je vois une colline couverte de mousse et de toundra, presque pas d’arbres. Je venais de trouver le spot de rêve !
Le lendemain, il annonçait beaucoup de pluie, donc j’ai mis mon alarme pour 6h. Je voulais arriver à Magnetawan avant la pluie prévue pour 11h. J’avais 16 km à faire.
Ce matin, j’ai pris la route à 6h40. Je me suis arrêté dans un café dépanneur sur la route. Je parle avec le monsieur. Je lui demande s’il connaît quelqu’un qui pourrait m’aider. Il me donne le contact de Sylvia, la révérende de l’église du village. En arrivant dans la ville, je vois l’église et son numéro de téléphone est inscrit sur le babillard devant l’église. Je l’appelle. Je lui explique ma situation. Elle me dit de lui donner 10 minutes et qu’elle me rappellera.
Elle me rappelle et m’invite à passer la nuit chez elle avec son mari, Graham.
Ce qui est encore plus intéressant dans cette 2e étape, c’est que je fais beaucoup plus confiance à la vie. Je me fie beaucoup moins sur WarmShower (site de partage de chambre) et je m’adapte à ce que la vie m’offre. Par exemple, la nuit dans les toilettes était la meilleure des options. J’étais au chaud et à l’abri de la pluie. Qu’est-ce que j’avais besoin de plus ?
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